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Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : lun. 29 nov. 2010 15:26
par Flocon
Vous entendrez souvent le terme "Mojo" en parlant des amplis anciens ou des amplis boutique. Le Mojo, ca se traduit par le "je ne sais quoi", ce qui ne s'explique pas, la "magie" d'un ampli ancien ou d'un ampli boutique copié point pour point d'un ampli ancien ou s'en inspirant grandement.

Certains diront que l'amplification guitare est une science complexe, réservée à des initiés. C'est faux. Les amplis mythiques comme les Fender Tweed et autres ne possèdent qu'une poignée de composants et leur rôle n'a rien de sorcier. Je ris toujours quand je lis des propos du genre "C'est comme celà, ca ne s'explique pas". Je me dis qu'à l'heure où on a envoyé des gens sur la lune et où la science décrypte le génôme humain, penser et croire que le son d'un ampli de guitare ne s'explique pas est signe d'une croyance aveugle due à l'ignorance de ceux qui écoutent et à l'éloquence de ceux qui parlent.

Je dis "une poignée de composants". Eh bien, nous allons tenter de les décrire, de les comprendre et d'identifier leur rôle dans le "son" et plus particulièrement dans le fameux "Mojo" que certains veulent nous vendre.

Première partie : Les résistances.

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Voici trois types de résistances que l'on peut rencontrer dans nos amplis guitare. Il en existe d'autres mais ces trois types ici présents illustrent le propos.

Numéro 1 : La Carbon Comp.

La résistance Carbon Comp ou Composite carbone est un peu la grand-mère des résistances. Elle fut largement utilisée à la grande époque de la TSF et vous la trouverez dans les amplis Fender du début (fin années 40) jusqu'aux années 80.

Elle ressemble à un bâtonnet couleur chocolat. Sa fabrication consiste en une poudre de carbone conducteur aggloméré avec une substance que l'on peut comparer à de l'argile. La densité de carbone présente dans le mélange détermine la valeur de la résistance.

Sa tolérance varie entre 10 et 20% d'origine, sa valeur peut varier avec le temps, l'humidité peut modifier sa valeur, si elle s'échauffe trop, la valeur peut grandement varier et elle génère entre autres du bruit, un sifflement que les anglophones appellent le "Hiss". Enfin, ce genre de résistance possède un grand coefficient de variabilité en fonction de la haute tension. Sa résistance varie en fonction de la tension à ses bornes, elle n'est pas linéaire ! Nous reviendrons sur ce point plus loin dans cet exposé.

Numéro 2 : La résistance Carbon-Film ou Film carbone

Ce sont des résistances un peu plus récentes. Je dis "un peu plus" car dès les années 50, ces résistances ont remplacé les Carbon Comp dans le matériel électronique. A titre d'exemple, l'ampli DAVOLI de 1958 que j'ai restauré contient exclusivement ces fameuses résistances Carbon-film.

Elles sont souvent de couleur beige, plus petites que les carbon-comp à valeur égale. Leur fabrication consiste en un film de carbone déposé en spirale sur un noyau de céramique. L'espacement de cette spirale détermine la valeur de la résistance.

Comme qualités, on aura des tolérances plus faibles, une meilleure stabilité face aux hautes températures, une variabilité moindre avec la haute tension et surtout, elles ne génèrent plus ce bruit, le fameux HISS des Carbon Comp.

Numéro 3 : La résistance Metal Film

D'un point de vue physique, c'est la meilleure. Elle est fabriquée comme la Carbon film mais cette fois, c'est un film d'oxyde métallique qui est utilisé, raison pour laquelle on les nomme "métal oxyde". Elles sont encore plus silencieuses que les Carbon-film et surtout, leur tolérance est encore moindre. On peut sans problème avoir de telles résistances avec une tolérance de l'ordre de 2 à 5% (très loin des 10/20% des Carbon Comp.

Quelles sont les résistances les plus appréciées.

Logiquement, on pourrait croire que l'on préfèrera utiliser les résistances Metal-film. Elles ont tout pour elles : Faible tolérance, fiabilité, faible bruit... Mais non ! Dans les amplis boutique, on utilise la bonne vieille Carbon Comp remplie de défauts.

Posons nous une bonne question : Qu'est-ce qui différencie un bon ampli guitare d'un mauvais ampli guitare ? Un bon ampli a du caractère, un grain particulier et surtout, une saturation qui plaise à nos oreilles !

Si l'on transpose ces éléments dans un ampli HIFI, ces caractéristiques en font un mauvais ampli HIFI. Le noeud du problème (si c'en est un) est là : Un ampli guitare trouve ses qualités musicales dans ses défauts physiques !

La résistance Carbon Comp, avec sa variabilité face à la haute tension génère ce qu'on pourrait appeller une "distorsion de résistance". Eh oui, la résistance carbon-comp utilise un de ses défauts pour colorer le son d'une manière qui plait à nos oreilles.

Dans la HIFI, on préfèrera les autres résistances car elles offrent des caractéristiques recherchées en HIFI, mais pas en amplification guitare.

Voilà où se trouve le "Mojo" des résistances carbon comp !

Evitons leurs défauts.

A titre personnel, je préfère utiliser des résistances Carbon-film ou Metal Film dans les premiers étages de l'amplificateur, là où elles sont parcourues par des tensions relativement basses. En effet, de cette manière et à cet endroit précis, l'avantage de la Carbon Comp n'est pas présent mais son défaut (le HISS) est présent. Là où les tensions sont plus élevées, l'usage des Carbon Comp participe à la coloration du son et donne à l'ampli son grain caractéristique.

Seconde partie : Les condensateurs de liaison.

Si les résistances sont un sujet autour duquel gravite du "Mojo", vous n'avez rien vu par rapport aux condensateurs. Pour les résistances, c'est le type de fabrication qui fait la différence. Pour les condensateurs, c'est à la fois le type de fabrication, la marque et bien d'autres éléments. Vous lirez qu'un ampli ne sonne pas aussi bien avec des condensateurs Sprague qu'avec des Glendale ou des Mallory, qui sont tous minables comparés aux Sozo...

Essayons de démystifier un peu le bazar.

Y'a vraiment une différence de son ?

Bonne question. Réponse simple OUI ! Entre deux condensateurs identiques mais de type différent, le son sera modifié. Bien entendu, un ampli équipé de tels condensateurs ne va pas avoir un son horrible comparé au même ampli avec d'autres condensateurs. La différence sera subtile, inaudible pour certains mais frappante pour une personne qui est habitué à de tels amplis.

Sur certains forums, on me dirait "tu trouves la différence subtile parce que tu as de la m... dans les oreilles". Relativisons un peu. Prenons un ampli connu. Une personne qui a une grande expérience avec cet ampli sentira bien plus les petites modifications qu'une personne qui ne connaît pas l'ampli. C'est là un premier point car ceux qui prétendent qu'entre les deux, c'est le jour et la nuit sont souvent des gens assez spécialisés dans le domaine. C'est un peu comme un spécialiste du Cassoulet qui serait capable de vous dire que tel cassoulet a plus de sel qu'un autre alors que monsieur tout le monde ne verrait aucune différence.

Essayons de décortiquer les caractéristiques des condensateurs selon leur type de fabrication.

Les condensateurs papier.

Qu'ils soient papier huilé ou papier ciré, je les mets dans le même sac : Ce n'est pas (et de loin) ce que l'industrie électronique a produit de meilleur. En gros, l'isolant de ces condensateurs est composé d'un papier enduit d'un corps gras, soit de l'huile ou de la cire. Ils sont ensuite confinés dans du goudron, un cylindre de verre ou une résine comme de l'Araldite.

Quasiment tous les anciens ont des fuites, ce qui signifie qu'ils laissent passer le courant continu alors que le rôle d'un condensateur de liaison est justement de bloquer la composante continue. De tels condensateurs sont aujourd'hui vendus à prix d'or sur le net sous l'appellation "NOS" ou "New old Stock", qui signifie "Ancien Stock jamais utilisé". Sauf que dans leur cas, NOS devrait signifier "Nasty Old Stuff" pour "Veilleries de mauvaise qualité".

Contrairement aux tubes qui peuvent garder leurs performances durant des décénies sur une étagère, les condensateurs vieillissent même si l'on ne s'en sert pas. Pire encore, certains s'usent plus vite s'ils ne sont pas régulièrement utilisés.

Les condensateurs au papier ont commencé à disparaitre de l'électronique dès les années 50 entre autres pour leur fiabilité assez aléatoire. Cependant, ils sont mythiques, adulés et fantasmés. J'ai ainsi lu sur un site marchand un propos tel que "Les condensateurs Paper In Oil sont les condensateurs qui ont crée le son de l'âge d'or du rock and roll". J'adore ce mythe car je peux en partie le briser !

Prenons par exemple la marque Fender et l'ampli Deluxe. Les modèles de 1948 à 1954 utilisaient de tels condensateurs. A partir de l'année 1955, les condensateurs papier furent remplacés par des condensateurs de type différent. Donc, on a les condensateurs au papier de 1948 à 1954 et les autres de 1955 à nous jours. Finalement, les condensateurs au papier ont été remplacés en même temps que l'explosion du rock and roll. Peut-on dès lors les considérer comme une des caractéristiques des amplis ayant participé au rock and roll ? La réponse est NON.

Les condensateurs polyester.

Leur petit nom, c'est les Mustard de par leur couleur moutarde. Je possède ici des condensateurs polyester verts, rouges et même des blancs rosés, pas vraiment la couleur moutarde mais un grand nombre d'entre eux sont de couleur moutarde. Chose amusante, les condensateurs modernes se rapprochant des condensateurs Mustard sont d'un agréable jaune vif mais toujours vendus avec cette appellation moutarde.

Ils sont souvent associés à Vox et Marshall, plus généralement aux amplis anglais. Le détour est rapide et le condensateur polyester est immédiatement qualifié de "condensateur au son anglais". Pourtant, bon nombre d'amplis Fender Tweed du milieu des années 50 utilisent des condensateurs polyester. Voilà un condensateur à double nationalité.

En fait, il s'agit du mode de construction qui change. Sur les vieux Fender, on trouve des condensateurs polyester de marque ASTRON et Mallory série Molded. Ces condensateurs sont moulés dans une matière plastique de couleur jaune pour les Astron, bleue pour les Mallory et parfois rouge pour les Sangamo. Sur les VOX et Fender, on trouve ces condensateurs dans un moule de résine couleur... moutarde ! Voilà d'où vient la confusion.

Cependant, les condensateurs Mustard anglais, bien que de même technologie que les Astron américains ont une sonorité légèrement différente, ce qui explique la petite "signature" des Mustard. Mais cette différence demeure minime et le type de condensateur ne fait pas le son de l'ampli a lui seul.

Généralement, ces condensateurs sont de bonne fabrication et leur qualité tout à fait honorable. Toutefois et à titre personnel, je me dis qu'un condensateur de plus de 50 ans devrait quand même être remplacé. Même si leur fiabilité est excellente, certains modèles ont malgré tout besoin d'être ou bien remplacés ou alors vérifiés.

Les condensateurs polypropylène.

Les plus connus sont les Orange Drop, de par leur couleur et leur forme. Relativement modernes, ils ont pour effet de donner un ampli plus brillant, avec un son plus claquant que les Mustard et autres condensateurs polyester. Malheureusement, remplacer les condensateurs de type Polyester par des

Polypropylène ne va pas forcément changer radicalement l'ampli, mais la différence sera présente. Dans le cas où l'on construit un ampli soi-même, le choix entre un Polyester ou Polypropylène dépendra de ce que l'on désire. Si l'on cherche du claquant, on choisira du Polypropylène, mais d'un autre côté, un ampli avec des condensateurs Polyester ne sonnera pas forcément moins claquant que le même ampli avec les autres. Vous voyez où je veux en venir ? Ouais ! C'est exactement celà. Faites l'essai de l'un et l'autre et choisissez celui qui vous conviendra le mieux !

Un dernier mot sur les condensateurs ?

J'ai parlé des condensateurs les plus courants dans les amplis guitare. Je ne peux passer sous silence les condensateurs "haut de gamme" tels que les Jupiter. Ces condensateurs ont l'avantage d'être de même forme et couleur que les anciens ASTRON des amplis Fender anciens. Malheureusement, ils sont chers. Heureusement, ils sont d'excellente qualité. Je les recommanderais pour une restauration d'ampli où le look du circuit veut être conservé. Si l'on désire avant tout un ampli fiable et performant, l'usage de condensateurs Sprague, SEP ou Mallory de grande qualité peuvent amplement suffir. Leur prix est juste entre 3 et 10 fois moins élevé.

Froid dans le dos ?

Enfin, je mettrai en garde les gens sur un point précis : Méfiez-vous des pièces d'occasion vendues sur le net. Vous ignorez leur provenance. J'ai déjà vu d'anciens condensateurs ASTRON ou Mustard vendus sur le net, condensateurs ayant des marques de soudure, donc déjà utilisés au préalable. Ou bien ils proviennent d'un ampli qu'un technicien aura choisi de modifier, ou bien ils sont tout simplement défectueux.

Méfiez-vous aussi des condensateurs NEW OLD STOCK, quelque soit leur âge ou leur technologie. Vous ignorez tout de ces pièces, souvent vendues à prix d'or. Les composants actuels comme les Sprague, Mallory et consort sont des composants de très grande qualité.

Note importante : Sur certains forums, ce propos serait descendu en flèche par certains "techiciens" avec l'argument "tu n'y connais rien". Evidemment, certains techniciens ont pour philosophie de faire croire au profane que leur science est complexe, que vous devez vous en remettre à leur savoir et ne pas chercher à comprendre. Ces propos qui sont les miens sont fortement inspirés par Dave Hunter, Aspen Pittman et R.G. Keen qui sont en quelques sortes des figures d'autorité dans le domaine. Malheureusement, leurs propos sont peu voire pas du tout traduits en Français. A titre d'anecdote, j'ai un jour demandé à un technicien s'il avait des livres de référence sur l'amplification guitare et ce dernier m'a répondu "pas la peine que je te renseigne, tous les livres sont en Anglais". On voit bien l'obscurantisme de certains techniciens qui utilisent leur savoir dans leur seul intérêt. Mon savoir, je préfère le partager.

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : lun. 29 nov. 2010 15:42
par tlcp

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : lun. 29 nov. 2010 16:03
par Flocon
Pour ETNO : Quand je me contrôle pas, nous avons un peu le même accent !

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : lun. 29 nov. 2010 16:16
par kanaboy3b12
merci mec !

je sent la customisation me taquiner et chatouiller mes petits petons...

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : lun. 29 nov. 2010 18:08
par imkawed
merci Flocon pour cet autre topic passionnant!! :super:

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 09:14
par Flocon
Mise à jour sur les condensateurs !!!

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 10:50
par Philippe72
merci c'était très interessant :super:

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 13:54
par kanaboy3b12
petite remarque perso:
j'ai moi même tâtonné avec les différents modèles de condos mais pour ma guitare.

je peux dire que ca influe énormément sur le son, contrairement à ce que tu dis sur les condos des pcb d'amplis, le condo et sa valeur change vraiment beaucoup le son du ou des micros de la guitare et sa tonalité générale.

au final j'ai opté pour un mix de papier huilé et de polystyrène pour une valeur totale de 95n , ca me donne une attaque de malade et très précise grâce aux poly, et un decay bien mordant dans les meds avec les huilés, pour le sustain et la release bien mélangés, le jcm fait le reste :) :diable:
et ma gratte a LE mojo !!!

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 20:18
par MaRkO
Salut,
Merci bien pour ton tuto, super bien foutu et accessible aux personnes (comme moi) qui n'y connaissent absolument rien en électronique :super:

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 21:30
par Flocon
kanaboy3b12 a écrit :petite remarque perso:
j'ai moi même tâtonné avec les différents modèles de condos mais pour ma guitare.

je peux dire que ca influe énormément sur le son, contrairement à ce que tu dis sur les condos des pcb d'amplis, le condo et sa valeur change vraiment beaucoup le son du ou des micros de la guitare et sa tonalité générale.
Deux choses à dire :

Tu dis "le condo (terme ridicule pour moi, ca ressemble à un mot anglais très génant à dire, tu imagines lequel) et sa valeur changent vraiment le son".

Et là je pense que changer la valeur d'un condensateur a bien plus d'influence que le type de condensateur. Mais dans une guitare ou un ampli, utiliser un MKP ou un MKT (polypropylène ou polyester) de capacité identique changera le son, mais de manière assez subtile. Je veux dire, c'est comme quand tu changes les cordes de ta guitare. Le son est différent mais une Strat sonne comme une strat, veilles cordes ou nouvelles cordes. Tu vois où je veux en venir, c''est différent, mais on reste dans le même genre. C'est très difficile à expliquer que quelque chose peut être différent tout en étant assez similaire ;-)

Deuxième chose : Il m'arrive de récupérer des vieux condensateurs de 22nF d'amplis pour les installer... dans une guitare comme capas de tonalité. La raison est que dans une guitare, les tensions sont très basses, quasiment rien. Par contre, dans un ampli, un condensateur voit parfois des tensions de 500v ! Un condensateur qui présenterait un risque avec 500V ne pose pas de souci dans une guitare où les tensions en présence sont inférieures au volt.

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 22:04
par kanaboy3b12
dsl pour mon abréviation, elle m'évite un "densateur" à chaque fois et comme je suis un vrai fainéant , je compte sur tout le monde pour bien comprendre que je parle de condensateur, je la garde quand même ^^.

selon toi c'est bien plus leur valeur qui change le son que la composition du condo, pourtant au cours de ma modeste petite expérience , il m'a semblé que les polystyrène donnaient un son beaucoup plus acéré que les papiers huilés , c'est la raison pour laquelle j'ai fait un mélange. disposant d'un 33n , d'un 15n et de plusieurs 47n (matières différentes), ca laissait pas mal de possibilités. bien des sonorités sensiblement différentes se sont présentées et j'ai fait un choix.
tout ceci avec une valeur total inchangée.
donc je ne suis pas un technicien, ni rien et je ne sait pas bien ce qui me prend de défier une pointure comme toi mon cher flocon, mais peut être que ce qui est vrai pour un ampli ne l'est pas pour les basses tension des guitares? ou bien d'autres paramètres rentrent en jeu... le micro fait main ?

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 30 nov. 2010 22:51
par Flocon
Avant tout STOP ! Je dois préciser mon propos.

Pour moi, un changement radical, c'est l'ampli qui sonne "comme un Fender" et qui après modification sonnerait "comme un Marshall" (je caricatures mais c'est pour illustrer l'exemple). Par contre, un ampli qui sonne plus ouvert, plus dynamique, plus tranchant, c'est de l'ordre de la subtilité. Je crois que c'est important de le préciser car je vais souvent parler de transformations subtiles dans la suite de l'exposé. Ton message m'a fait remarquer que j'étais assez vague dans cette explication et je t'en remercie.
kanaboy3b12 a écrit :selon toi c'est bien plus leur valeur qui change le son que la composition du condo.
Evidemment ! Mais tu t'en doutais un peu.
kanaboy3b12 a écrit :pourtant au cours de ma modeste petite expérience , il m'a semblé que les polystyrène donnaient un son beaucoup plus acéré que les papiers huilés ,
Ca complète un peu ce que je dis : Les condensateurs polypropylène ont pour effet de donner un ampli plus brillant, avec un son plus claquant que les Mustard et autres condensateurs polyester. Avec ta petite expérience, on pourrait dire que l'ordre de brillance, de "tranchant" serait PIO, MKT, MKP. A essayer je dis !
kanaboy3b12 a écrit :donc je ne suis pas un technicien, ni rien et je ne sait pas bien ce qui me prend de défier une pointure comme toi mon cher flocon, mais peut être que ce qui est vrai pour un ampli ne l'est pas pour les basses tension des guitares?
Je suis pas une pointure, y'a des tonnes de mecs qui en savent plus que moi et j'en apprends tous les jours. Les lampes et l'amplification guitare sont un sujet tellement vaste que prétendre tout savoir relève de la prétention, ou de la folie. Au contraire, ta remarque est intéressante car y'en a toujours plus dans deux têtes que dans une seule et tes constats ne sont pas sans intérêt.

Mais tu dis "changement radical". Peut-être es-tu comme le spécialiste du cassoulet (ou des grands vins) qui connait tellement bien son matériel que la moindre subtilité lui saute aux yeux alors qu'elle parait minime à celui qui connait peu le matériel. C'est surtout que je ne veux pas que les gens croient que changer des condensateurs va transormer un ampli façon "le jour et la nuit". Quand on entre dans le domaine de l'optimisation, les modifications sont subtiles.
mais peut être que ce qui est vrai pour un ampli ne l'est pas pour les basses tension des guitares
Je parlais de la fiabilité des condensateurs papier/huile. Un tel condensateur usagé peut très bien remplir son rôle avec des tensions basses mais sera potentiellement dangereux dans un ampli avec 500V à son derrière ! Si je n'aime pas les condensateurs papier/huile, c'est pour leur fiabilité assez désastreuse, mais dans une guitare, ce paramètre n'entre pas en compte.

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mer. 1 déc. 2010 00:54
par pullover
Sujet très intéressant... :super:

Par contre,le terme mojo, est de l'argot du "blues" pour parler d'un guitariste qui sait éveiller ... Comment dire.... les pultions du sexe qui le ravit à son égard.... Vous savez :"Il sentait bon le sable chaud". Par extention, son matos.... ce qui lui confère du mojo sont les signes, de la route parcourue... Bref, un matériel mojo, c'est visuel, on voit qu'il est usé, rapé, avec des dings et des dongs, du road worn en veux-tu en voilà.

Ainsi, une vielle strat de 57 (j'invente) concervée sous le lit n'a pas de mojo. Par contre, la même avec quasi tout le verni nitro parti, des brulures de cigarette,... celle-là, elle sent bon le sable chaud...

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : ven. 3 déc. 2010 15:41
par Flocon
Troisième partie : Les Hauts-parleurs.

Le (ou les) hauts parleurs d'un ampli sont parmi les composants les plus importants de la chaine du son. On peut prendre un extrème total avec cet exemple : Un ampli Behringer, 10 watts. C'est un ampli "débutant" avec des sons d'amplis débutant. Une fois branché dans un bon cab mais surtout avec un bon HP 12 pouces, croyez-moi ou pas, mais on est vraiment pas loin des sonorités d'un ampli de grande valeur.

Le petit VOX AC4TV est un bon ampli... Branchez le dans un cab avec un bon 12 pouces et vous redécouvrirez votre ampli. La chose est la même pour un Champion 600 et pléthore de petits amplis à bon marché.

C'est là qu'intervient selon moi la modification la plus significative : Un ampli moyen avec un HP moyen devient un superbe ampli avec un meilleur HP.

Quelques chiffres.

Image

Sur cette image, j'ai colorié en rouge les données de sensibilité des HP. Sur l'un, vous voyez 94.6 db et l'autre 99.1. C'est assez proche croyez-vous... NON ! L'échelle des décibels est logarithmique, celà signifie que 3 db d'augmentation équivaut au DOUBLE de la pression sonore !

Plus de 4 db entre les deux HP, celà signifie que branchés sur le même ampli avec les mêmes réglages, la pression sonore sera considérablement augmentée, plus du double de la pression sonore !

Ceci explique entre autres pourquoi un petit ampli 15 watts à transistors branché dans un petit HP de 8 pouces sera totalement couvert comparé à un VOX AC15 avec son HP de 12 pouces. Je dis bien "entre autres" car d'autres paramètres entrent en compte pour expliquer ce phénomème.

Utilisons le HP avec la meilleure sensibilité.

Pourquoi perdre mon temps à utiliser un HP avec une sensibilité à 94 db sur mon ampli alors que je peux utiliser un HP avec une sensibilité de 100 db qui sonnera bien plus fort... Eh ben non !

Dans l'audio, tout est une affaire de compromis. Un HP Jensen avec sa sensibilité à 94 db va par exemple participer à la couleur et au grain typique des sons d'amplis Fender et utiliser par exemple un Eminence Red Coat dans cet ampli va le faire sonner plus fort, mais aussi changer sa couleur, sa tessiture et son grain : Ce ne sera plus le son typique d'un Fender ! Malheureusement, l'impression de puissance supplémentaire ajoute une coloration, une sonorité à l'ampli différente entre les HP.

Note importante : Sur certains forums, ce propos serait descendu en flèche par certains "techiciens" avec l'argument "tu n'y connais rien". Evidemment, certains techniciens ont pour philosophie de faire croire au profane que leur science est complexe, que vous devez vous en remettre à leur savoir et ne pas chercher à comprendre. Ces propos qui sont les miens sont fortement inspirés par Dave Hunter, Aspen Pittman et R.G. Keen qui sont en quelques sortes des figures d'autorité dans le domaine. Malheureusement, leurs propos sont peu voire pas du tout traduits en Français. A titre d'anecdote, j'ai un jour demandé à un technicien s'il avait des livres de référence sur l'amplification guitare et ce dernier m'a répondu "pas la peine que je te renseigne, tous les livres sont en Anglais". On voit bien l'obscurantisme de certains techniciens qui utilisent leur savoir dans leur seul intérêt. Mon savoir, je préfère le partager.

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 28 déc. 2010 16:34
par electric-phil
Merci pour toutes ces infos . J'ai "taté", et tate encore souvent de l'ampli vintage . Je dirais que chaque ampli a sa personnalité, surtout ceux ( comme les miens ) qui ont été acquis d'occas . En fait,je me trompe peut-être, mais deux amplis identiques de la même série, pourront sonner différemment selon leur "vécu" et la façon dont ils ont été sollicités avant vous , un peu comme pour une voiture, bien que les différences soient peut-être moins flagrantes ( conduite, entretien, etc ) .

En ce qui concerne la technologie elle même, je suis un newbie, mais j'ai commencé à "mettre les mains dans le cambouis" avec la construction d'un ou deux kits . Cependant Flocon, si effectivement le HP est un élement primordial dans la couleur et la puissance sonore restituée, je me suis laissé dire que le transfo de sortie jouait aussi énormement, voire bien plus que la qualité des résistances ou des condensateurs ...
Qu'en est-il réellement ?

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mar. 28 déc. 2010 21:38
par Flocon
electric-phil a écrit :Merci pour toutes ces infos . J'ai "taté", et tate encore souvent de l'ampli vintage . Je dirais que chaque ampli a sa personnalité, surtout ceux ( comme les miens ) qui ont été acquis d'occas . En fait,je me trompe peut-être, mais deux amplis identiques de la même série, pourront sonner différemment selon leur "vécu" et la façon dont ils ont été sollicités avant vous , un peu comme pour une voiture, bien que les différences soient peut-être moins flagrantes ( conduite, entretien, etc ) .
Déjà, deux amplis neufs de la grande époque sonnaient déjà différemment. Les résistances par exemple étaient à +/-10%. Donc une 470 ohms pouvait faire de 423 à 517 ohms, celà change bien des choses par exemple sur une résistance de cathode. Ensuite, deux lampes de même marque peuvent avoir des différences, alors imagines un ampli équipé de tubes Philips et un autre de tubes RCA...
electric-phil a écrit :En ce qui concerne la technologie elle même, je suis un newbie, mais j'ai commencé à "mettre les mains dans le cambouis" avec la construction d'un ou deux kits . Cependant Flocon, si effectivement le HP est un élement primordial dans la couleur et la puissance sonore restituée, je me suis laissé dire que le transfo de sortie jouait aussi énormement, voire bien plus que la qualité des résistances ou des condensateurs ...
Qu'en est-il réellement ?
Tout joue, le transfo de sortie aussi évidemment, mais aussi le transfo d'alimentation, ce que l'on ne dit pas toujours. Les anciens amplis avaient des transfos un peu sous-dimentionnés et celà participait au SAG. Je crois que dans un ampli à lampes, tout composant joue sur le résultat final.

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : mer. 29 déc. 2010 22:49
par VoxySound
salut tout le monde, tout d'abord je tiens a préciser que c'est grace aux interventions de flocon que je me suis inscris, Merci.
j'ai remarqué un très bon esprit sur ce forum, ça change, et la seul chose que je souhaite a ce forum c'est que ça dure.

flocon j'aimerai avoir ton avis sur les transfos vintage vs aujourd'hui.

on entends souvent dire que si les ampli vintage sont meilleurs, c'est Grace en grande partie a leurs transfos, que les transfos d'époque étaient meilleurs et du faite que certains matériaux sont interdits aujourd'hui ne peuvent égaler les transfos vintages.j'ai un peu de mal a croire qu'aujourd'hui on est pas capable de faire des transfos meilleurs qu'à l'époque, qu'en pense tu?

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : jeu. 30 déc. 2010 02:24
par Flocon
VoxySound a écrit :flocon j'aimerai avoir ton avis sur les transfos vintage vs aujourd'hui.

on entends souvent dire que si les ampli vintage sont meilleurs, c'est Grace en grande partie a leurs transfos, que les transfos d'époque étaient meilleurs et du faite que certains matériaux sont interdits aujourd'hui ne peuvent égaler les transfos vintages.j'ai un peu de mal a croire qu'aujourd'hui on est pas capable de faire des transfos meilleurs qu'à l'époque, qu'en pense tu?
Alors, techniquement, les transfos actuels sont MEILLEURS que les transfos anciens ! Attention toutefois, un BON transfo actuel est meilleur qu'un bon transfo ancien. Les progrès sur les isolants, le coating des enroulements, tout a évolué et dans le bon sens.

Mais encore une fois, techniquement meilleur ne veut pas dire guitaristiquement meilleur. C'est comme les résistances Carbone Agglomérées, elles sont techniquement moins bonnes que les modernes, mais c'est justement leurs défauts que l'on aime dans un ampli guitare, car les défauts font la personnalité de l'ampli.

Et pour les transfos, c'est pareil. Un vieux transfo paper bobin ne sonnera pas comme un transfo de conception moderne. Mais il existe aujourd'hui des transfos fabriqués à l'ancienne, paper bobin et tout. Ils sont certainement différents des transfos anciens mais une technologie ressemblante existe.

Là où les gens ont raison, c'est qu'un ampli du commerce n'aura pas forcément des transfos de haute qualité. Quand tu vois que pour un Champ 5F1, j'ai payé une centaine d'euros pour deux transfos, c'est logique que tu n'auras pas des transfos de même qualité dans un ampli à 100 euros. Un produit jadis utilisé était le Polychlorobiphényle effectivement interdit de nos jours. Mais de là à dire que c'est à cause de la disparition de ce produit que les transfos sonnent différemment, je crois que c'est un peu abusif mais pas impossible. Il faudrait pour se faire une idée, comparer un transfo ancien et un transfo moderne de conception proche.

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : sam. 8 janv. 2011 14:52
par slowhand73
Deux videos qui illustrent un des défauts des résistances carbon comp (augmentation de leur resistance en fonction de la température) :
http://akavalve.blogspot.com/2008/12/ca ... itors.html

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : sam. 8 janv. 2011 15:09
par Flocon
slowhand73 a écrit :Deux videos qui illustrent un des défauts des résistances carbon comp (augmentation de leur resistance en fonction de la température) :
http://akavalve.blogspot.com/2008/12/ca ... itors.html
Un briquet suffit ! Tu fais chauffer une carbon comp et tu vois immédiatement la valeur augmenter. Le même sur une résistance à couche ne fait pas varier la valeur...

Re: Le Mojo des amplis Vintage - Analyse d'un mythe.

Posté : dim. 22 sept. 2013 09:19
par bill bokey
Super sujet ! :super:

Tiens, pour illustrer voici deux samples du même ampli, même cab et même guitare, tout pareil mais il y a quelques modifs entre les deux :

https://soundcloud.com/billbokey/1987-g ... /sets/amps
https://soundcloud.com/billbokey/1987-g ... /sets/amps

à la base l'ampli était un JCM800 50W que j'ai modifié dans l'esprit des "Plexi" fin 60's. Entre les deux samples j'ai changé les trois condos céramiques par ces micas argentés. Et il me semble avoir également changé la résistance du tone stack ou de la NFB mais je n'en suis plus sûr. Ou peut-être les deux vu que ce sont les deux carbon comp que j'ai mises dans cet ampli (désolé pour le trou de mémoire :rouge: )

Enfin, quoi qu'il en soit les valeurs sont les mêmes (enfin presque vu les tolérances...) mais on entend bien la différence entre les types de composants.


Quant à savoir si les amplis et leurs composants étaient meilleurs je pense qu'en fait les amplis et composants modernes sont meilleurs (comme le dit Flocon) techniquement mais ont du coup perdu leur caractère. Et je pense que ce qui fait qu'ils ont tant de caractère, outre les composants, est leur grande simplicité. Par exemple on pourrait dire qu'un ampli 60's c'est comme une Austin Healey, un roadster à la ligne superbe avec un plaisir de conduite incroyable mais pas du tout confortable pour faire 1000 bornes et surtout inutile en cas de famille nombreuses. Alors qu'un ampli moderne est l'équivalent d'un monospace. C'est vilain et ça ne fait rêver personne. Par contre on part en vacances à 5 avec tous les bagages et le pic-nic etc...Et on peut même emporter une guitare !

En tout cas mon choix est fait, je joue sur Superlead et je roule en roadster ! :mdr3: