Mon son du moment
Posté : lun. 1 août 2022 04:36
Je crois que je tiens mon son du moment avec le lap steel.
Je chaîne l'instrument équipé d'un type P90 -> wha -> overdrive léger et transparent -> slap echo -> trémolo -> ampli à lampe de type marschallesque (Laney LC15R) avec la reberb à ressort au 1/3 de la course, le gain aux 2/3 et une grosse bosse dans les mediums.
Le son de base, c'est slap echo + trémolo (pas trop appuyé, pas "stromboscopique"), effets que je laisse en permanence et dont je ne modifie pas les réglages.
En son clair (potard de volume du lap steel baissé en cleaned up), ça sonne bien 50's/60's. On ne discerne qu'à peine le slap echo si on n'y est pas attentif mais ça donne un poil plus de corps aux attaques. J'avais remarqué que Ry Cooder utilisait presque systématiquement cette astuce (en fait, au départ, je suis parti de cette idée à tester).
Avec le trémolo, ça type direct le son hors du champs hawaïen même sans aucune saturation.
Dès qu'on enclenche la BluesBreaker, ça booste les lampes en gardant du tranchant, et on a de la terre sous les chaussures. C'est le contraire d'un son confortable. C'est bien roots et c'est bon. On peut pousser la satu assez loin en augmentant le potard de volume de l'instrument, mais je m'arrête avant que ce soit trop ramolli par la saturation à mon goût. Je cherche un son qui pète, et plus salé que sucré, plus moutarde que crème chantilly.
Si on enclenche la wha pour la faire coasser dans la première partie de sa course, on a des harmoniques inattendues qui ressortent sur un léger larsen. La matière sonore est extraordinaire. On n'a même pas envie de jouer quoi que ce soit, juste écouter ce son en faisant osciller la barre à mi-diapason. Je ne m'en lasse pas.
Peux pas vous faire écouter ça maintenant mais je posterai mes expérimentations d'ici une semaine. Je crois que je vais tourner autour de cette configuration pendant un bon bout de temps.
Pour ceux qui se demandent
Pourquoi j'utilise un ampli physique et des pédales :
Je ne vais pas vous sortir le laïus sur le "vrai son" et tout ce discours passéiste de vieux shnock que je suis. Je sais que mon ampli n'est pas ce qui se fait de mieux dans le genre, même s'il délivre des sons très sympas, que je l'aime bien et que je le connais par coeur. D'ailleurs, dans mes pédales, la dan-echo et la tremolo sont des numériques qui copient avec quelques maladresses "the real thing".
Non. C'est parce que je me connais trop bien. Si je commence à travailler avec une carte son branchée dans l'ordi, avec l'infinité de possibilités, je vais m'éparpiller et ça va devenir une activité à part entière. Je vais y passer mes jours et mes nuits, dans une recherche vaine parce qu'ininterrompue et je ne vais plus du tout faire de musique. Avec mon petit matos et mes quelques potards, je suis obligé de faire avec ce que j'ai. Je peux prendre des décisions sans le regret de me dire "Ah ben tiens ! J'ai pas essayé avec un cab 4x12 de telle marque". J'ai un 10 pouces, un seul micro et basta ! Déjà, faut le positionner, ça va m'occuper suffisamment. Et puis, ne parlons pas des effets. Je vais vouloir me renseigner sur chacun d'eux de manière exhaustive de peur de louper un truc. Si j'en ai ne serait-ce que quelques centaines, je vais y passer la moitié de ma vie. Et il y a un truc que je n'ai évoqué ici qu'à demi-mot jusqu'à présent parce que ce n'était pas pertinent : je suis autiste. Et un autiste qui commence à prendre la pente de ses "intérêts restreints" (selon l'expression médicale), ça va tourner à l'obsession et l'exhaustivité. Je vais sombrer dans la monomaniaquerie sans plus jamais en ressortir, à aller chercher sur le web les fac-similés des modes d'emploi d'époque et des fiches techniques du matériel original et tout ce qui a été écrit autour, qui l'a utilisé et sur quel disque que je vais vouloir écouter. Je vais triper sur les possibilités polysémiques des traductions en français... etc. Bref, je vais m'éloigner très loin de la musique pour ne plus jamais y revenir. Ça m'avait fait ça avec la lutherie il y a quelques années, jusqu'à ne plus jouer du tout.
Moi, il me faut des contraintes pour rester focus. J'ai ça sous la main et je fais avec, quelles que soient les imperfections. Pas le choix et roule ma poule.